Traversée de la France, 6ème partie : De Saint Lary à Pamiers

Récit du 10 au 13 août


Voilà 30 jours que nous marchons :


Aujourd'hui, grosse étape : 3 km, + 100 m de dénivelé, le tout en 45 minutes de marche bien tassées 2 raisons à cet effort extrême. D'une, nous crapahutons comme des isards depuis Gavarnie (jour 20) : 9 jours avec de bons dénivelés et trois derniers jours torrides qui pèsent sur l'organisme (enfin pour moi en tout cas, le Terminator qui m'accompagne étant frais comme un gardon). De deux, la chaleur ne va pas s'estomper de sitôt et la prochaine semaine à basse altitude s'annonce épuisante, avec de gros kilometrages en prime.


Alors le camping bien nommé de la Vie en vert, dans le village original d'Augirein, nous fait miroiter une journée de glandage bienvenue pour nous préparer à la bavante qui s'annonce avec notre 5e semaine de trek. L'ambiance dans ce petit coin de France peu densément peuplé, peu touristique et enserré de toutes parts par les collines boisées, s'avère pour le moins propice au ressourcement physique et psychique. La plupart des maisons sont ornées d'ardoises décorées de calligraphies. L'une d'elles résume assez bien l'atmosphère qui se dégage des rues du village : des citations évoquent la philosophie et le rapport à la nature des Amérindiens d'Amérique du Nord et me rappellent le mythique recueil de texte " Pieds nus sur la terre sacrée " (cf. Galeries photos).

Voilà 31 jours que nous marchons :


Ce matin nous partons carrément de nuit. 30 bornes nous séparent du prochain camping, à Audinac les Bains... Partir ne serait-ce qu'à 8h du matin serait un suicide. Il devrait faire au moins 35 degrés à l'ombre en milieu d'après-midi (alors quand on marche au soleil...).


Jusqu'à Carcassonne, le GR78 nous sert de trame dans notre itinéraire. Ce dernier représente l'une des voies pour les pèlerins français souhaitant se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Cependant, il s'agit certainement de l'itinéraire le moins connu. Ajoutez à cela que cette année les pèlerins peuvent difficilement passer la frontière espagnole et le résultat est que nous croisons infiniment peu de pèlerins trimbalant leur coquille Saint-Jacques sur le sac à dos. Deux à trois groupes tout au plus par jour ! La région n'étant pas spécialement reconnue pour la randonnée (et la canicule aidant), nous avons donc les chemins pour nous seuls.


Je disais, le GR nous sert de trame... C'est que nous ne sommes pas assez fous pour le suivre aveuglément, tels des pèlerins débordant de foi. Nous apprécions de passer par les calvaires, croix et églises sur le parcours (malgré notre athéisme convaincu), mais pas au point de zigzaguer indéfiniment dans les collines des piémonts. Je comprends l'objectif d'éviter les départementales et de croiser le plus possible de signes chrétiens, mais en août, avec 15 kg sur le dos, il nous faut tracer notre route vers l'Est. Je préférerais encore me fouetter le dos avec les sangles de mon sac que de suivre à la lettre les atermoiements des pèlerins. D'ailleurs, un couple croisé dans la matinée semble confirmer notre crainte. Il nous confie, l'air épuisé, qu'il n'en peut plus de monter, de descendre, de tourner à gauche puis à droite toute la journée !

Alors malgré le peu d'entrain que nous y mettons, nous empruntons parfois des bouts de départementale en fond de vallée pour couper le GR. Avant 8h, ces petites routes de campagne peu fréquentées ne sont finalement pas si désagréables ; d'autant qu'il est quelque part jouissif de se réapproprier ces anciennes voies de passage qui n'étaient auparavant pas exclusivement réservées aux cyclos et aux autos. 


Pour ce soir, nous retentons le camping. Autant le dernier, à taille humaine, nous avait enchanté, autant celui d'Audinac les Bains nous met une mauvaise claque. Rangées de bungalows tous semblables, emplacement de m... pour les campeurs sans voiture, piscine en plein cagnard surbondée et musique de variété jusqu'à 22h30 : le bonheur pour amoureux de nature ! Et dire que dans les statistiques du tourisme en France le séjour ici doit être rangé dans la case "Tourisme vert"... Heureusement, les jeunes barmans nous propose une excellente pression locale qui fait office de consolation miraculeuse après les 30 km de marche au forceps.

Voilà 33 jours que nous marchons :


Que dire à propos de l'itinéraire du GR78 que nous suivons peu ou prou depuis 5 jours ? Pas grand-chose à vrai dire. Sur la carte de France, entre Hendaye et Menton, c'était le grand point d'interrogation, la transition entre les Pyrénées et le Massif Central que j'avais du mal à me représenter. Toutefois, 2 points me laissaient de vives "craintes" : la chaleur et l'intérêt des chemins... et malheureusement les deux sont "exaucés". Les températures, j'en ai parlé. On se lève 

tôt et on tente de finir les longues étapes avant 15h. On arrive bien crevé sans faire de longues pauses, mais au moins on évite de marcher pendant les heures les plus caniculaires, entre 14h et 18h. Pour le paysage, c'est un brin répétitif. Collines boisées et fonds de vallée cultivés rythment nos journées, avec de temps en temps de jolies vues sur la chaîne pyrénéenne au loin. Franchement, chaque jour, c'est sympathique jusqu'à 10h, puis ça devient quelque peu redondant. Le ciel souvent voilé n'aide pas non plus à mettre un grain de folie dans les tableaux ruraux des piémonts pyrénéens. 

La couverture nuageuse aide à lutter contre la canicule en journée (parce que du coup la nuit, les températures baissent peu), mais lisse un paysage qui ne compte déjà pas de reliefs très remarquables.


Cela étant dit, par instants (et notamment quand le soleil montre le bout de ses rayons), la magie des espaces ruraux opère sur nous. Une vieille église perchée domine un village (avec les clochers-mur si caractéristiques de la région) ; un renard s'enfuit devant nous dans un bosquet ; les champs cultivés se déroulent jusqu'aux forêts, qui elles-mêmes vont buter à l'horizon contre les montagnes ; un blaireau rentre tranquillement chez lui, à l'aube à travers un champ, sans se soucier de notre présence ; les papillons et les criquets croisent notre route et se posent dans les talus fleuris.

J30 : St Lary à Augirein, camping La vie en vert (640 m) ; 45min ; 3 km ; + 100 m ; - 140 m


J31 : Augirein à Audinac les Bains, camping (450 m) ; 6h45 ; 30 km ; + 150 m ; 340 m


J32 : Audinac les Bains au Mas d’Azil, camping Le petit pyrénéen ( 280 m) ; 6h45 ; 27 km ; + 400 m ; - 570 m


J33 : Mas d'Azil à Pamiers, hôtel Première Classe (300 m) ; 6h15 ; 30 km ; + 450 m ; - 470 m


Max

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