La BD, tout comme le film d’animation, me paraît l’un de ces parfaits vecteurs d’idées écologiques, écologistes. De par sa capacité à capter et retranscrire poétiquement les éléments d’un paysage, notamment, l’auteur de BD met particulièrement en exergue la « tension » écologique propre à notre époque. Pourtant, comme dans tant d’autres secteurs culturels, l’offre n’est malheureusement pas pléthore lorsqu’il s’agit du rapport au vivant, à la Terre. C’est pourquoi j’ai été ravi que l’on m’offre Le droit du sol, d’Etienne Davodeau.
La trame du livre consiste à mettre en résonance, à travers une itinérance à pied de 800 km, les peintures rupestres de Pech Merle et le site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure. Dans un cas, des Sapiens produisent un témoignage artistique qui traverse les âges, qui enrichit le rapport au monde de l’espèce encore de nos jours ; dans l’autre, des Sapiens produisent un témoignage qui traversera aussi les âges, mais qui s’avère dangereux, irrespectueux pour des congénères qui pourraient « tomber dessus » dans plusieurs dizaines de milliers d’années.
Après Devant la beauté de la nature lu il y a déjà 3 ans, j’ai parcouru cette semaine le deuxième essai du philosophe Alexandre Lacroix se rapportant à notre rapport à la nature : Au cœur de la nature blessée. Et comme pour le précédent, l’apport de ce livre se trouve, à mon avis, dans la place laissée à l’esthétique : et ça fait du bien !
C’est que le rapport sensible, esthétique, que nous entretenons avec les paysages a été tout bonnement exfiltré manu militari des discussions se rapportant à la nature et à l’écologie. Osez évoquer la question esthétique des éoliennes et autres forêts commerciales avec un écologiste encravaté ou un jeune citadin soucieux de la planète, et, à coup sûr, il ne manquera de vous rire au nez, de vous prendre de haut : « Mais, comment ça ? On ne va pas freiner le Progrès pour de vaines considérations esthétiques. On a besoin d’électricité et de bois en quantité pour la transition ! Et puis moi, les éoliennes, je ne trouve pas ça si moche… ». Exfiltré manu militari, oui, car la simple évocation esthétique suffit à votre interlocuteur pour vous faire sortir du champ du « raisonnable », du « rationnel ».
Comme « chacun » sait, nous avons ouvert, avec ma compagne, des chambres d’hôtes insolites en pleine nature, dans la Drôme provençale. Bon, je sais, en pleine nature, ça ne veut pas dire grand-chose. Déjà, qu’est-ce que réellement la nature ? Difficile à définir, même après avoir épluché certains des livres de Morizot, Larrère, Martin, Maris et autres… de ces penseurs qui ont fâcheusement tendance à revisiter les catégories usuelles de la modernité occidentale. Doit-on considérer comme nature les espaces de vie sauvage (ce qui reviendrait à amalgamer nature et sauvage, mais quid de la définition du sauvage, aie), illustrés bien souvent par des images de sombres forêts et de montagnes aux pics acérés ; ou peut-on voir la nature dans le moindre brin d’herbe poussant en bord de route, ainsi que dans les oiseaux qui chantent à travers la ville au printemps ? La notion de nature ne va donc pas de soi… alors celle de pleine nature, je n’en parle même pas. Disons simplement que d’adjoindre l’adjectif de pleine à nature, je le dis sincèrement, en terme marketing, ça claque ! En 2022, les visiteurs recherchant l’expérience des hébergements insolites ne souhaitent pas se ressourcer en demi ou en quart de nature, c’est comme ça.
Après Les pensées de l’écologie, je continue ma découverte des excellentes éditions de Wildproject avec Raviver les braises du vivant, du très inspirant Baptiste Morizot. Oui, encore Baptiste Morizot, c’est la troisième fois qu’il apparait sur le site ! C’est que le philosophe n’a pas son pareil pour reformuler les problématiques écologiques, les rendre concrètes, « terre à terre »… pour permettre à chacun de se réapproprier l’enjeu majeur des siècles à venir ; c’est-à-dire conserver les conditions d’habitabilité de la Terre pour les vivants qui y habitent.
Tout au long de son ouvrage, Baptiste Morizot donne des clefs pour distinguer les usages de la Terre et les représentations du monde soutenables, propices au vivant, de ceux qui ne le sont pas… et ses clefs se révèlent indispensables si l’on veut s’y retrouver dans le capharnaüm des idées, innovations ou pratiques qui se réclament de l’écologie...
Il y a un petit moment que je n’avais pas eu le temps de me plonger dans un bouquin traitant d’écologie. Alors pour me remettre dans le bain, Les pensées de l’écologie, un manuel de poche qui se présente comme un panorama inédit sur un siècle de pensées, me paraissait tout indiqué. Une reprise « en douceur », avec de courts textes d’auteurs déjà lus (Latour, Morizot, Abram, De Waal par exemple)… mais aussi d’intéressantes découvertes et confirmations qui appelleront certainement des lectures plus poussées (Thoreau, Illich, Naess…).
L’excellent exercice auquel ce sont attaquées les éditions Wildproject mérite d’être souligné ; et me rappelle celui du recueil de textes Penser l’Anthropocène, que j’avais également beaucoup apprécié.
Habiter en oiseau ! En voici une drôle d’idée… qui pourrait pourtant se révéler fort inspirante ! En effet, et quand bien même elle ne nous propose pas d’élever nos progénitures dans un nid, Vinciane Despret invite à s’inspirer des manières d’être au monde de nos amis à plumes, pour repenser notre rapport au monde. Ou comment observer les oiseaux serait de nature à « déconfiner » notre pensée…
Toutefois, je dois bien avouer que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre. Contrairement à Baptiste Morizot et Alexandre Lacroix, « philosophes de terrain » qui, dans Sur la piste animale et Devant la beauté de la nature, s’appuient beaucoup sur leurs expériences personnelles, Vinciane Despret évoque peu ses relations avec les animaux. La philosophe parle d’un « objet » qu’elle laisse, à mon avis, trop à distance de sa réflexion… à l’exception des excellents passages pendant lesquels un merle vient chanter dans son jardin. Mais bien qu’il ne soit parfois pas très évident à suivre (enfin pour moi…), l’essai n’en reste pas moins très intéressant car sortant clairement des sentiers battus.
Habiter en oiseau ne traite pas tant de la faune aviaire, de ses modes de vie, que de la façon dont les ornithologues ont de l’observer. Alors au-delà des connaissances distillées ici et là, c’est surtout la mise en perspective de notre manière d’étudier les oiseaux qui s’avère la véritable richesse du livre. Plutôt que de voir et d’écouter les oiseaux comme de « vulgaires machines » qui défendent un territoire en répondant à des instincts primaires dictés par la nécessité de manger et de se reproduire (...)
Par cette enquête sur notre relation émotionnelle avec la nature, Lisa Garnier dépoussière une certaine écologie pouvant paraître théorique, trop éloignée des « vraies » préoccupations de la vie quotidienne, voire carrément utopique. Disons le clairement, avec Psychologie positive et écologie, on rentre dans le vif du sujet. On utilise moins de grandes idées parfois trop abstraites, mais on met le doigt sur des expériences concrètes et des données scientifiques qui attestent des innombrables bienfaits de la nature sur la physiologie, la psychologie et la sociabilité de l’être humain.
A dire vrai, il y a un petit moment que j’attendais de lire un ouvrage comme celui-ci. Quelque part, dans ma vie de tous les jours ou dans les articles que je publie sur ce site, j’ai peur de tomber dans la glorification un peu béate de la nature ou de ne prêcher que les convertis. Même si les auteurs que je tente de mettre en avant ne militent pas pour une écologie hors-sol et idéalisée, je dois avouer que, dans une société moderne où la rationalisation prévaut, la philosophie et la spiritualité doivent a minima se raccrocher à des enjeux quantifiables si elles veulent porter leur message. Grâce au travail de Lisa Garnier et des universitaires qu’elles citent, je me sens d’autant plus légitime de promouvoir un rapport plus sensible à la nature qui nous entoure. Je peux défendre avec plus d’arguments la conviction qui m’habite depuis un certain temps : la transition écologique ne pourra être efficace (...)
« Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le cœur de l’homme éloigné de la nature devient dur ; il savait que l’oubli du respect dû à ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l’homme. Aussi maintenait-il les jeunes gens sous la douce influence de la nature. »
« L’homme qui s’est assis sur le sol de son tipi, pour méditer sur la vie et son sens, a su accepter une filiation commune à toutes les créatures et a reconnu l’unité de l’univers ; en cela, il infusait à tout son être l’essence même de l’humanité. Quand l’homme primitif abandonna cette forme de développement, il ralentit son perfectionnement. »
Chef Luther Standing Bear
Tout est dit ! A travers ces deux court extraits, Standing Bear (Ours Debout), chef Sioux au début du XXème siècle, évoque de manière admirable la spiritualité (...)
C'est tout simplement un livre que chaque citoyen devrait avoir chez lui. Ou au moins que chaque classe, du primaire à l'enseignement supérieur, devrait laisser à la disposition de ses étudiants. Pas plus cher qu'une scratch map (carte du monde à gratter selon ses voyages) reflétant sur le mur notre narcissisme de globe-trotteur et bien moins onéreux qu'un globe rétro-éclairé qui laisse la Terre vide de sens, l'Atlas de l'Anthropocène nous plonge dans une myriade de cartes qui donnent corps à notre planète... et à son état inquiétant !
Alors que depuis une quinzaine d'année les médias nous « bassinent » avec le réchauffement climatique et font du climat l'alpha et l'oméga de la question environnementale (même si ça change petit à petit), cet excellent document dresse le portrait quasi-exhaustif des enjeux auxquels l'humanité doit faire face si elle veut garder la Terre aussi accueillante que depuis 12000 ans (...)
Ecrit par les excellents philosophe et ingénieur agronome Catherine et Raphaël Larrère, Penser et agir avec la nature donne des pistes de réflexion très intéressantes pour s'approprier une question simple, limpide et essentielle : que signifie « protéger la nature » ? Une question dont les éléments de réponse s'avèrent néanmoins bougrement complexes...
Protéger la nature, oui ; mais quel « type » de nature (la nature sauvage ou la nature ordinaire?), comment (avec ou sans intervention humaine?), pour quelles raisons (assurer les ressources nécessaires pour la survie de l'humanité ou assurer la viabilité à long terme de toutes les espèces?), dans quel cadre « éco-socio-politico-juridico-écologique » (vers la reconnaissance des savoirs et des démocraties locales ou vers la reconnaissance d'un ordre écologique mondial?) ?
En fait, ce que je trouve brillant dans le travail des deux auteurs, c'est de sortir des oppositions stériles qui construisent encore nombre de discours sur l'écologie. Soit en conjuguant les objectifs, soit en brisant les frontières, les ou cités plus haut deviennent des et... et ça fait du bien (...)
Lorsque l'on évoque les peuples indigènes, la figure du célèbre chef indien Raoni s'impose d'elle-même. Plateau labial et plûmes sur la tête, « ça en jette » ! Les signes culturels extérieurs sont en effet ceux que l'on rattache le plus facilement aux indigènes, d'autant plus quand il incarne une rupture remarquable avec les « styles » occidentaux. Pour le reste, le grand public connaît en fait assez peu leur culture, si ce n'est qu'ils pratiquent pour la plupart la chasse et la cueillette, croient aux esprits... et se font piller leurs ressources par les grands méchants capitalistes (dont on achète ensuite les produits transformés!). Il faut bien avouer que l'idée même d'ouvrir un bouquin d'anthropologie peut donner des sueurs froides à un universitaire aguerri ou à un féru d'Amazonie.
Heureusement, une anthropologue me paraît en mesure de rompre le charme (...)
C'est le livre de la rentrée littéraire 2019 : prix Renaudot et vendus à plus de 60000 exemplaires en deux mois. Mon Géologie, faune et flore de Namibie s'est écoulé à 1000 exemplaires en 18 mois... Pas besoin de se fatiguer à élaborer un calcul savant, le ratio paraît à mon net « désavantage » ! Quand bien même il est aussi question de panthère dans mon guide, en Namibie elle ne pavoise pas dans la neige. Ce caractère pittoresque explique peut-être l'écart des ventes... Ou pas. Parce que si l'on enlève le soutien d'un éditeur reconnu, la couverture médiatique et tout un tas d'autres facteurs, je dois tout de même bien reconnaître le talent indéniable qu'a Sylvain Tesson pour mettre en poésie le monde.
Et pour une fois, à notre plus grand bonheur, il s'agit ici du monde sauvage des animaux en scène sur les hauts plateaux du Changtang au Tibet. Une scène quelque peu dégarnie d'acteurs puisque sur ces terres désertiques gelées et battues par les vents, la vie ne connaît pas les « envolées lyriques » des milieux tropicaux et tempérés. Et pourtant, à l'instar du désert en Namibie, l'environnement inhospitalier est bien le théâtre d'espèces diverses et variées (...)
S’il y a bien un livre qui m’a inspiré pour la création de ce site internet, c’est celui-là. L’éditeur commence sa présentation du livre par une phrase qui fait drôlement écho à ma philosophie de la nature : « Et si la révolution écologique passait par l’émerveillement ? ». La réponse paraît évidente quand l’on pense aux yeux écarquillés et aux sourires des voyageurs en safari, ou au succès contemporain des films documentaires (notamment de la BBC) montrant des scènes naturelles sublimées à renfort de budgets pharaoniques. Pourtant la biodiversité ne cesse de s’effondrer à travers le monde… Paradoxal ?
L’auteur, le philosophe Alexandre Lacroix, se pose d’emblée la question de l’universalité des sentiments humains devant la beauté de la nature, comme lors d’une expérience vécue à la terrasse d’un café touristique grecque pendant un coucher de soleil. Sommes-nous plus ou moins sensibles à tel ou tel type de paysage ?
La théorie évolutionniste estime que l’être humain préfère les paysages de savanes, ouverts, car ils correspondent au milieu écologique dans lequel l’Homme « primitif » (...)
Devrais-je pour ma première chronique culturelle parler d'un essai quasi-inconnu, écrit par un géographe anarchiste de la fin du XIXème siècle, au risque de faire fuir le maigre contingent qui souhaite suivre les premiers pas du site internet ? Qui ne tente rien n'a rien... et s'il s'agit de recommander une énième fois Into the wild, autant fermer boutique tout de suite ! D'autant que je me lance assez confiant, tant ce géographe a une vision de la nature et une manière de s'exprimer qui n'accroche que très peu l'oreille des lecteurs du XXIème siècle que nous sommes.
Elisée ne m'est pas apparu en rêve, quand bien même sa belle barbe et ses yeux pétillants d'anarchiste renferment un pouvoir onirique indéniable. Pour l'avoir découvert, je dois remercier l'excellente revue Relief dont je parlerai dans un prochain billet. Je ne m'étendrais pas sur sa biographie (que vous pouvez retrouver par ailleurs dans la revue) et ses faits d'armes politiques qui lui ont valu un séjour en prison suite à la commune de Paris, mais évidemment sur son admirable déclaration d'amour à la montagne (...)
« Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l'intelligence des animaux ? ». La question peut paraître rhétorique. Comment, nous, les humains, trônant au sommet de la pyramide de l'évolution, pourrions-nous ne pas comprendre des espèces inférieures ? La conscience, le langage, l'utilisation d'outils... Autant de capacités dont nous serions doués et les animaux dépourvus. D'un côté les hommes, l'intelligence et la culture ; de l'autre les animaux, l'instinct et la nature. Là où l'homme élabore des outils et des stratégies complexes, à force d'apprentissage, pour s'extraire des lois de la nature, l'animal ne fait que répondre bêtement à des stimuli, en adéquation avec les forces innées qui définissent son espèce. L'homme a créé les Nations-Unis. Le loup continue à pisser sur les arbres pour marquer son territoire.
Sauf que... Comment puis-je expliquer alors la technique de chasse des orques en Arctique ? Consistant à se mettre en rang serré (communication donc langage?), les orques avancent ensemble (coopération donc conscience de soi?) vers une plaque de glace sur laquelle se trouve un phoque, dans le but de former une vague (outil de chasse donc intelligence supérieure?) (...)
Anthropocène, c'est le mot « à la mode » qui monte depuis quelques années, qu'il fait bien d'évoquer ici et là, dans un dîner ou pendant une randonnée. L'écologie est dans (presque) toutes les bouches, et pour montrer qu'on s'y connaît, certains n'hésitent pas à lancer fièrement : « Tu savais qu'on était entré dans l'Anthropocène ? ». Leur interlocuteur, incrédule, balbutie : « Dans l'Anthro... quoi ? ». Et là, l’œil brillant toisant l'ignorance coupable de l'Homme moderne, on répond avec assurance : « Dans l'An...thro...po...cène ! Nous sommes entrés dans une nouvelle aire géologique dans laquelle l'humanité devient la principale force agissant sur la planète. » Bam ! Anthropos, l'homme ; cène, l'aire. L'Anthropocène désigne donc l'aire de l'Homme. Peu s'ensuivre tout un exposé sur les effets néfastes d'Homo Sapiens sur la Terre, de l'élévation des températures à la dégringolade de la biodiversité, en passant par les dangers que cela occasionne pour notre survie...
Autrement dit, si ce n'est l'introduction d'un nouveau terme savant, rien de nouveau sous le soleil (trop chaud le soleil dans l'Anthropocène!) (...)
« Un livre dédié au pistage des animaux, tel que le pratiquaient les chasseurs-cueilleurs d'autrefois ou les rangers des parcs africains ? Ça y est, le mec a vrillé, son blog nature va bientôt ressembler aux élucubrations d'un allumé qui veut nous remettre tous dans les bois à chasser le sanglier ! ».
Allez, j'avoue, j'ai hésité à ouvrir le bouquin. Comme vous, les tribulations d'un philosophe-pisteur me faisait craindre de tomber dans un plaidoyer « retouralanaturiste » un peu vain ; vide de sens pour les Modernes que nous sommes. Mais le texte de Baptiste Morizot publié dans l'excellent recueil de textes Penser l'Anthropocène, à propos de la notion du sauvage dans notre monde anthropisé, m'a convaincu sans forcer de me lancer dans cette aventure de pistage animal. Et puis quand même, en tant que guide en Namibie, je me suis dit que ça pourrait enrichir mes représentations du monde sauvage. A guide never stop learning ! Et force est de constater que la lecture de ce livre est un réel plaisir, en plus d'en apprendre beaucoup sur certains animaux et nos relations avec eux ; comme sur nous-même en qualité d'Homo Sapiens (...)