« L’homme a mangé la Terre ». A travers la course folle pour une certaine idée du progrès humain, les deux derniers siècles ont vu notre planète souffrir comme jamais du fait d’une seule espèce… au point que de nombreux scientifiques considèrent que nous sommes rentrés dans une nouvelle aire géologique : l’Anthropocène, ou l’aire de l’Homme.
Le titre du film est on ne peut plus évocateur. Depuis les débuts de la révolution industrielle au Royaume-Uni jusqu’à la mondialisation actuelle, en passant par la toute puissance des Etats-Unis, le documentaire (à renfort d’images d’archive rares) met en lumière la succession incroyable de découvertes technologiques, dont les développements militaires et civils ont puisé inlassablement dans les ressources naturelles. Vous me direz, on connaît l’histoire : déforestation, extraction du charbon et du pétrole, démocratisation de la voiture et de la maison individuelles… et donc hausse de la concentration de carbone dans l’atmosphère, épuisement des ressources et effondrement de la biodiversité ! Alors à quoi bon appuyer encore et encore sur le couteau que nous a déjà planté dans le cœur une myriade de rapports scientifiques et de documentaires (...)
C'est LA grosse surprise de ce début d'année pour moi ! J'avais raté sa diffusion sur Arte il y a quelques semaines mais le cinéma de Saint-Egrève m'a offert une séance de rattrapage, qui plus est sur grand écran.
Le film est bien plus qu'un « simple » documentaire sur la Mongolie, c'est une véritable immersion vivante, touchante, complexe, parfois drôle, dans la vie mouvementée de Shukhert, un cavalier mongol vivant dans la sublime vallée de Darhad au Nord-Ouest du pays. Lutteur émérite au style inimitable à ses heures perdues, éleveur, pisteur de chevaux perdus dans la steppe, Shukhert est un sacré bonhomme qui fait aussi office, quand les circonstances le réclament, de justicier dans les conflits (...)
Je viens d'avoir la chance de visionner au cinéma l'un des premiers films du célèbre réalisateur de films d'animation, Hayao Miyazaki. Nausicaä de la Vallée du Vent, sorti au Japon en 1984, est considéré par beaucoup de critiques comme un chef d’œuvre... et ce n'est pas sa projection dans le cadre d'un festival, au Mélies de Grenoble, qui me fera dire le contraire. Alors que chaque mercredi depuis deux mois je m'apitoie sur la misère cinématographique de ce début d'année 2020, Nausicaä fait figure pour moi d'un véritable bol d'air artistique, en même temps que l’œuvre trouve un écho tout à fait contemporain à nos interrogations écologiques.
Bon, le synopsis n'a rien de très original. Sur une Terre post-apocalyptique dévastée par la guerre et la pollution, une forêt toxique ne cesse d'acculer toujours plus les derniers survivants. Comble de la folie des Hommes, ces derniers se livrent une guerre sans merci pour s'arroger l'arme apocalyptique, avec l'espoir qu'elle pourra cette fois leur servir à anéantir la forêt toxique. Seule la population d'une petite vallée bucolique semble relativement à l'abri du tumulte, vivant de vent et d'eau pure. Mais par le biais du crash d'un vaisseau (...)
En voilà une bonne surprise ! Comment mieux parler de la vie sauvage que Jean-Michel Bertrand dans son dernier film Marche avec les loups ? A mi-chemin entre le documentaire animalier d'Arte faisant office de puissant somnifère en début d'après-midi et la grosse production survitaminée qui rappelle davantage un film d'action américain qu'une réflexion sur la nature, Marche avec les loups trouve à mon avis la bonne voie. Les images sont très belles mais l'ensemble du film ne sacrifie pas à un spectacularisme dénué de sens. Attention tout de même, la voix caverneuse et posée du montagnard et quelques longueurs inhérentes au pistage des loups peuvent être néanmoins susceptibles de vous perdre une minute ou deux, mais accrochez-vous, ça vaut le coup jusqu'à l'épilogue. Sorti le 15 janvier 2020, ne tardez-pas !
Comme l'explique l'auteur dans ses interventions publiques, la question du sauvage en France, comme partout dans le monde, est une question éminemment politique (...)
Un bijou ! Un bijou aquatique incarné par le double champion du monde d'apnée Guillaume Néry. Un bijou filmé sous la surface de l'eau par sa compagne Julie Gautier. Un bijou non pas en carats mais en 12 toutes petites minutes plus précieuses les unes que les autres. Un bijou... gratuit !Oui, car Guillaume Néry a la bonne grâce (ou les pépettes?) de diffuser gratuitement One breath around the world (une respiration autour du monde) sur sa chaîne Youtube.
Dans ce court-métrage de haut vol bien que sous le niveau des mers, l'apnéiste star nous enjoint à l'accompagner (...)
Un film drôle, original, au rythme trépidant, porteur d'un message écolo et bien réalisé de surcroît... Ça existe ? Et bien oui, qui l'eut cru ! Okja relate l'histoire d'un porc géant OGM domestique, ressemblant plutôt à un croisement entre un hippopotame et un chien, et de sa jeune maîtresse coréenne, Mija. Non non, ne fuyez pas... Attendez la suite, je vous dis que c'est bien !
Après 10 ans à avoir élevée Okja et nouée une relation particulière avec lui, Mija se voit enlever son sympathique compagnon par la firme agroalimentaire américaine qui l'a créé pour un show marketing à New York promouvant cette nouvelle viande succulente et bon marché (...)
En pleine canicule de juillet 2019, quelle riche idée que d'aller se rafraîchir le corps, sous la clim' d'une salle de cinéma, et l'esprit, par le visionnage d'un dessin animé sur les beautés de l'océan ! Quelques mamans et mamies apparemment bien malines, accompagnées de leurs bambins, l'ont bien compris. Sauf que...
Effectivement il fait indéniablement frais dans la salle. Mais plutôt que de dessin animé, on parlerait volontiers pour Les enfants de la mer d'un film d'animation pour adultes. Ayant déjà épuisés l'imaginaire de la savane avec Le Roi Lion, ces chers parents en mal d'alternatives, au beau milieu des interminables vacances d'été torrides, emmènent ni une ni deux leur progéniture à peine âgée de 10 ans s’esquinter les yeux et les neurones sur un film peu adapté aux enfants, évoquant plus 2001 Odyssée de l'espace que La petite sirène.
C'est que le long-métrage, qui débute pourtant comme un manga classique, prend rapidement la forme d'une fable écologique, métaphysique, envoûtante, fouillis, souvent géniale. Pas si facile de parler de cette œuvre (de ce chef d’œuvre?) (...)