Okja ; Bong Joon Ho

Okja ; Bong Joon Ho

 Un film drôle, original, au rythme trépidant, porteur d'un message écolo et bien réalisé de surcroît... Ça existe ? Et bien oui, qui l'eut cru ! Okja relate l'histoire d'un porc géant OGM domestique, ressemblant plutôt à un croisement entre un hippopotame et un chien, et de sa jeune maîtresse coréenne, Mija. Non non, ne fuyez pas... Attendez la suite, je vous dis que c'est bien !

 

    Après 10 ans à avoir élevée Okja et nouée une relation particulière avec lui, Mija se voit enlever son sympathique compagnon par la firme agroalimentaire américaine qui l'a créé pour un show marketing à New York promouvant cette nouvelle viande succulente et bon marché. S'ensuit évidemment une course-poursuite entre Mija (épaulée par un pittoresque groupe de défense des animaux) et les affreux capitalistes (portés par une patronne à côté de ses pompes) pour sauver Okja de sa transformation en bâtonnets de viande séchée sur-emballés. Savoureux ! Ou comment la destinée d'un porc-chien-hippopotame (mais vous y verrez peut-être un autre amalgame génétique) vient nous titiller sur nos habitudes alimentaires et l'industrie qui en découle... ou sur l'industrie agroalimentaire et notre régime qui en découle, à vous de juger.

Okja ; Bong Joon Ho

Au-delà de la simple allégorie alimentaire, c'est bien aussi du rapport entre l'Homme et la nature dont semble vouloir nous parler le réalisateur coréen Bong Joon Ho (palme d'or à Cannes en 2019 pour Parasites). Par ses personnages et ses décors un brin manichéens mais relevant du conte moderne, il met en exergue certaines dichotomies traversant notre monde contemporain. D'un côté l'abattoir froid, technique de New York ; de l'autre la forêt foisonnante de vie de la campagne coréenne. D'un côté les calculs et le manque de déontologie de la firme Mirando ; de l'autre la candeur et les principes environnementaux de Mija et des protecteurs de la nature. Manichéen je vous disais, mais qui ne peut que faire résonance avec certaines affaires récentes (Monsanto condamné, les caméras cachées dans les abattoirs entre autres).

 

Deux personnages apportent par leur fantaisie un peu plus de nuances. Le biologiste dépressif, ambassadeur de Mirando, n'a d'autres moyens pour régler son dilemme intérieur, entre promotion des tueurs d'animaux et son vieil amour des bêtes, que de se noyer dans l'alcool et de refouler le peu d'humanité qu'il lui reste. L'un des activistes, pour lui aussi résoudre un cas de conscience, est en hypoglycémie à la fin du film. Il ne souhaite même plus consommer de tomates car leur production laisse une empreinte carbone indélébile sur la planète !

 

Je vois par conséquent Okja comme une production au ton plutôt léger, mais qui nous donne tout de même du grain à moudre afin de démêler nos contradictions écologiques. Il s'agit d'un long métrage pour tous publics, à la fois divertissant et poignant, fortement chargé symboliquement à la manière d'un conte.

 

Maxime Lelièvre

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