Revue la Salamandre

 Cela faisait un petit moment que je lorgnais sur cette revue, sans jamais avoir eu l’opportunité d’y jeter un œil. Mais revenu d’une semaine de trek automnal magique, à observer des dizaines de chamois sur les flancs nus ou herbeux des Alpes du Sud, le numéro de la Salamandre sur les chamois m’a sauté dans les mains. Combien de bivouacs à vivre aux côtés de ces esthètes de la montagne française sans réellement les connaître (si ce n’est les différencier d’un bouquetin ou d’un mouflon… ce qui n’est déjà pas si mal!) ? Cette fois j’avais envie, besoin, de mieux connaître mes voisins de trek ; voire même mes voisins tout court, puisque depuis nos chambres d’hôtes insolites à Izon, les chamois nous font régulièrement l’honneur de se montrer à quelques dizaines de mètres. C’est donc en cette fin octobre, par amour des chamois (mais pas que…), que j’ouvre la Salamandre. Et bien sûr, comme sa réputation me laissait à le penser, la revue remplit pleinement son rôle.

 

     Le dossier « Les émois du chamois » se révèle un savoureux mélange entre informations didactiques sur la physionomie et la physiologie de l’animal, photographies de nature, histoire de l’espèce, reportage sur le terrain et mise en perspective plus large sur le relation à l’Homme. Entre dessins, infographies, interviews ou cartographies, on se retrouve plongé dans un espèce d’hybride de manuel de SVT (en mieux!), de revues photographiques et de magazines de voyage. En une vingtaine de pages, ce tour d’horizon exhaustif est un merveilleux moyen de se familiariser avec « la chèvre des montagnes », de mieux comprendre les exceptionnelles capacités physiques et les comportements des chamois, et donc d’enrichir les observations en montagne.

Et pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de croiser le chemin de ce sublime ongulé, nul doute que la lecture de la Salamandre leur donnera une envie irrépressible de partir sur ses traces en montagne, voire même en forêt. C’est qu’au XXIème siècle, l’acrobate des pierriers n’est plus exclusivement inféodé aux hautes altitudes ! S’il paraît tant aimé le voisinage des cimes, c’est davantage par nécessité, pour y vivre libre (même si parfois de « satanés » randonneurs rompent tout de même sa quiétude!)… mais de nouveaux pans du paysage français s’ouvrent désormais à lui, à la faveur d’un « moins mauvais » partage des terres entre animaux sauvages et humains.

 

Vous l’aurez compris, les auteurs de la Salamandre se trouvent être de puissants alliés pour l’un des plus gros défis écologiques actuels : recomposer nos relations aux vivants non-humains. En faisant à la fois office de merveilleuses ressources pédagogiques et de puissants vecteurs d’évasion vers le monde sauvage, la revue bimestrielle offre aux lecteurs un pont rêvé vers une monde moins anthropocentré, plus soucieux des autres formes de vie. A l’heure où la majorité d’entre nous ne sommes plus capables de différencier une dizaine d’oiseaux ou une dizaine d’arbres, comment penser correctement nos relations aux espèces sauvages sans ce type de levier écologique ? Comment être attentif à l’extraordinaire diversité du vivant, à ses multiples formes d’expression, et donc comment se comporter correctement envers lui, si l’on ne comprend pas les raisons de vivre et les particularités des animaux sauvages qui peuplent nos territoires ?

 

La première des choses à faire pour s’intégrer dans un nouveau pays, c’est d’apprendre la langue des habitants de ce pays. La première des choses à faire pour s’intégrer pleinement dans nos lieux de vie, c’est d’apprendre à comprendre (du mieux qu’il soit possible de faire au regard des barrières inter-espèces) nos voisins non-humains ; ceux que l’on invisibilise toujours plus malgré leur importance cruciale pour notre bien-être (alimentaire, psychique, etc.)

C’est d’ailleurs, je pense, en partie pour cette raison que la Salamandre se décline en 2 autres revues, complémentaires pour toute la famille : la Salamandre Junior pour les 8-12 ans, et la Petite Salamandre pour les 4-7 ans. Il est urgent que dès le plus jeune âge nous puissions renouer le lien avec moineaux, chamois, vers de terre, chênes et autres espèces sauvages de notre quotidien ; ne serait-ce que pour mettre du sens dans les changements de nos modes de vies, qui s’annoncent doucement (bien que pas assez sûrement!). Si l’on sait pour quoi, pour qui, pour quel horizon nous changeons, les « efforts » à consentir seront perçus bien moins douloureusement qu’ils ne le sont aujourd’hui !

 

Très vite, je m’attaque au numéro sur les couleurs dans la nature. A bon entendeur…

 

Maxime Lelièvre

Et pour d'autres zestes de sauvage, nature et culture...

Une autre excellente revue en mesure de donner de la matière aux changements écologiques

Une bonne BD post-apocalyptique qui, là encore, interroge nos rapports à l'environnement qui nous entoure

Si vous veniez nous rendre visite dans les hauteurs de la Drôme Provençale, en pleine nature ?


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