Magazine Terre Sauvage

Terre Sauvage ; Grand Nord, un voyage en hiver. Sauvage Max de nature

 Un magazine mensuel sur le monde sauvage ? 12 numéros par an ? Mais que peuvent-ils y raconter ? Eh bien plein de choses intéressantes, et ce chaque mois !

C'est que le sauvage, que l'on a trop tendance dans notre ontologie moderne à considérer comme une entité figée à part entière, un gros bloc en-dehors du champ humain, est en réalité d'une complexité et d'une richesse folle. Et je ne parle pas seulement du nombre d'espèces, chacun sait qu'il y en a des millions sur Terre malgré le début d'une potentielle 6ème extinction de masse ; extinction dont je ne préfère pas une fois encore rappeler le responsable. Je pense plutôt aux myriades de milieux naturels différents les uns des autres (du désert à la jungle) dans lesquels les animaux se sont installés ; aux processus d'adaptation qu'ils développent pour répondre aux défis de leur environnement (les longues pattes des lézards des sables faisant office de « raquettes » par exemple) ; et même aux cultures spécifiques que des groupes différents d'une même espèce se transmettent de génération en génération par apprentissage (comme les techniques de chasse qui n'ont rien à voir d'un groupe d'orque à un autre).

Alors comme le sauvage ne se résume pas à une planche de biologie sur laquelle on classe les espèces, Terre Sauvage ne pourra jamais être à court de sujets face aux innombrables « aspérités » de la nature.

 

Ce qui est appréciable avec ce mensuel, c'est qu'il traite des nombreuses thématiques qui traversent le monde sauvage. Images de photographes, préservations d'espèces menacées, randonnées dans les espaces naturels, portraits de défenseurs et d'amoureux de la nature, focus sur un environnement ou un animal en particulier, un carnet de saison pour mieux cerner les particularités du mois en cours... Nous sommes donc bien dans une démarche que j'appelle de mes vœux, dans une approche pluridisciplinaire de la nature sauvage et le désir d'en parler sous tous les angles pour ne plus la réduire à un décor abstrait.

      Connaître les dangers auxquels font face les animaux devant les activités humaines, leurs techniques d'adaptation, leurs relations aux autres êtres vivants ; mais aussi être aiguillé pour les repérer, les observer, comprendre leurs logiques... autant de clefs pour tisser une nouvelle proximité avec le sauvage. Ou plutôt LES sauvages, des oiseaux de ville de la nature « ordinaire » au loup insaisissable des Alpes françaises de la nature « extraordinaire ».

Terre Sauvage ; La vallée des loups. Sauvage Max de nature

Dans le numéro de janvier 2020, Terre Sauvage nous emmène donc à la rencontre de la nature du Grand Nord (Yukon et Alaska) en hiver, d'un médiateur dans les problématiques loups/éleveurs, du « lynx d'Afrique » (le caracal), de sentiers hivernaux au cœur des hauts plateaux de la réserve naturelle du Vercors, de volontaires réintroduisant le gypaète barbu dans les préalpes, de la nature ordinaire proche de chez nous en ce mois de janvier, etc.

Pendant la lecture des reportages et la contemplation des fantastiques photographies, on s'immerge dans la beauté de la nature en hiver et on apprend à l'appréhender. De mon point de vue, Terre Sauvage fait parti des supports susceptibles de nous mettre Sur la piste animale. Comme le montre Baptiste Morizot dans son excellent essai, rentrer en empathie et donc favoriser la rencontre avec un animal sauvage a forcément pour préalable la prise en compte de sa spécificité, de son caractère « individué ». Par exemple, chercher une meute de loup sur son territoire ne relèvera pas des mêmes logiques que s'il s'agit d'un jeune loup solitaire ; le film Marche avec les loups de Jean-Michel Bertrand nous le montre avec brio.

 

L'envie et/ou le besoin représentent les plus puissants vecteurs pour renouer avec un monde sauvage qui échappe à l'emprise humaine, mais la connaissance des logiques qui traversent ce monde est également primordiale. Envie, besoin, connaissances... la lecture d'un Terre Sauvage joue sur tous les tableaux !

A mon humble avis, manquerait juste une petite double page se focalisant sur les traces (empreintes, poils, crottes, griffes, etc.), ces indices que laissent les animaux sauvages dans la nature. Ces traces qui nous aiguillent sur leur activité quotidienne nous permettent de mettre de la vie dans l'espace naturel quand les animaux se cachent, et représentent donc de belles occasions de se connecter au « flux » continuel du sauvage.

 

Bonne lecture.

 

Maxime Lelièvre

Et pour d'autres zestes de sauvage, culture et voyage...

Du Briançonnais aux portes du Mercantour, 10 jours de trek en autonomie à travers les sentiers du Queyras et de l'Ubaye.

Ou comment rentrer en empathie avec les animaux que l'on piste est de nature à changer notre rapport à la nature...

 

Jean-Michel Bertrand nous emmène avec lui lors de ses bivouacs magiques à la recherche d'un jeune loup. Une odyssée magnifique dans la nature sauvage française.


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